La nature du sol et la proximité de la nappe phréatique jouent un rôle important pour un écosystème lorsqu'il s'agit de survivre sans problème à de longues périodes de sécheresse. Le jardin-forêt Pré Vert se trouve sur un sol limoneux peu profond. Le sous-sol est constitué d'éboulis fluviaux. La première couche aquifère (zone phréatique ou nappe phréatique libre) à partir de la surface du sol ne semble pas très proche.
Lors de pluies persistantes et intenses, des sources qui jaillissent le long de la rivière montrent clairement que le régime hydrique de notre sol n'est pas homogène. Dans certains secteurs, l'eau du sol s'est épuisée beaucoup plus rapidement, ce qui indique un effet de drainage relativement important du sous-sol. La plupart des arbres et de plantes ont cependant résisté étonnamment bien à la sécheresse, même si l'on peut s'attendre à nettement moins de fruits.
Dans le jardin-forêt Pré Vert, seules les plates-bandes de légumes sont arrosées. En dehors de ces zones, la sécheresse du mois d'août a laissé des traces. Certaines plantes, comme les hortensias et les fuchsias, avaient perdu la majeure partie de leur feuillage. Les feuilles des feijoas se sont partiellement enroulées. Si la chaleur et la sécheresse avaient duré une semaine de plus, elles auraient également perdu leurs feuilles. J'ai pu aider certains arbustes sélectionnés à surmonter le pire en les arrosant abondamment. Dans l'ensemble, le rendement est toutefois fortement réduit. En vivant au bord d'une rivière, on dispose d'une quantité d'eau pratiquement illimitée. Les seules limites sont l'équipement technique et le temps disponible. Pour les jardiniers qui ne disposent que d'eau de pluie, ces conditions météorologiques sont une épreuve très difficile.
Il est réconfortant, d'observer les incroyables capacités de résilience
des écosystèmes très vieux et très riches en espèces.
Un tel exemple encourageant issu de la recherche actuel est celui de la forêt de la Massane (massif des Albères, la partie la plus orientale des Pyrenées) On y a examiné un If vieux de 6 à 7 siècles, lié à environ 12 000 champignons symbiotiques. Les nombreux membres de ce système communiquent non seulement entre eux, mais aussi avec toutes les autres plantes et tous les autres champignons de la forêt de la Massane.
Les scientifiques ont identifié jusqu'à présent 35 000 espèces de champignons dans cette forêt.
Une telle diversité signifie avant tout une multitude colossale de stratégies de résilience, une quantité quasi infinie de possibilités d'adaptation aux changements de l'environnement ! Les expériences des crises et le développement de nombreuses réponses possibles par ces fonges s'est cumulée depuis des centaines de millions d'années et repose sur tous les changements environnementaux qui se sont produits sur Terre au cours de ces immenses étendues de temps.
Cette forêt interconnectée est un trésor inestimable. Nous pouvons découvrir des mécanismes étonnants de capacité d'adaptation d'écosystèmes complexes. Une meilleure compréhension nous aide certes, mais nous ramène depuis longtemps toujours à la même conclusion : nous avons besoin de la nature dans toute sa diversité. La résilience et une forte capacité d'adaptation ne peuvent exister que de manière très limitée dans des systèmes simplifiés.
Les hêtres ne devraient plus exister dans la forêt de la Massane. Ils se trouvent depuis un certain temps déjà bien en dehors de la zone climatique dans laquelle leur existence est possible. Il fait beaucoup trop chaud et beaucoup trop sec. Et pourtant, ils sont toujours là, sous leur forme adaptée et modifiée par leurs nombreux partenaires fongiques et beaucoup d'autres micro-organismes. Ces hêtres pourront peut-être accompagner encore longtemps la transition en cours de l'un des écosystème le plus riche de France.
Présentation impressionnante des processus de transformation étudiés dans la forêt de Massane :
https://www.youtube.com/watch?v=1ok8T5pfuws